Dienstag, 20. September 2011

Bernd Alois Zimmermann Sonate für Cello Solo 1960

Après la pièce de Michael Jarrell …Some Leaves…, je me consacre maintenant à la sonate pour violoncelle seul de B.A.Zimmeramnn. J'ai le plaisir de jouer cette sonate deux fois cette saison, une première fois le 29 janvier 2012 au musée d'art et d'histoire de Genève, et une seconde fois le 12 mars 2012 à la Comédie de Genève. 
Cette sonate appartient aux chefs d'oeuvres du répertoire pour violoncelle seul, mais reste étrangement malconnue des violoncellistes. Je possède la partition depuis plusieurs années, mais je n'ai pas encore eu l'occasion jusqu'à présent de me consacrer pleinement à l'étude de cette montagne. 
Le temps est venue de chausser les crampons…..



Rappresentazione

Tel est le titre du premier des cinq mouvements. Je profite d'un des derniers moments de répit pour chaudement recommander l'enregistrement réalisé par Thomas Demenga pour ECM. 
Le concert est dans quatre mois et demi, ça paraît tellement lointain, et pourtant, la partition est déjà dépliée sur le pupitre. La route est longue, essayons de ne partir trop tard!
Ne connaissant que très modérément la musique de Zimmermann, c'est en tâtonnant que je découvre cette première page. Les premières lignes laissent optimiste.
Puis vient la première interrogation…. Malgré l'excellente qualité de l'édition (Edition Modern, München), une mesure me chagrine. 
Je vais chercher une feuille, un crayon, et je compte.



Un triolet de blanches = 4 temps.
Chaque blanche de triolet subdivisée en triolet de noires.
Nous avons 9 noirs de triolet pour 4 temps.
Le tempo étant de 72 par noire, j'en arrive au  résultat suivant:
Une noire de triolet, elle même étant une subdivision d'une blanche de triolet (où noire = 72) = 162. Jusque là, vous me suivez…

Par contre, dans la seconde mesure, observez le deuxième temps….



Nous avons notre triolet de blanches sur l'intégralité de la mesure. La première et la troisième blanche de triolet sont aussi subdivisées en triolet, par contre la deuxième blanche de triolet me préoccupe. Je compte une noire, une croche, une noire pointée, et une noire, mais Siegried Palm me complique la vie, puisqu'il propose un doigté qui ne permet pas de jouer le si bécarre (pouce)sur II et le si bémol sur III (troisième doigt) simultanément. Le compte serait bon si on pouvait jouer le si bécarre, puis le si bémol ensemble, donc 3 ou 4 sur le si bécarre et 1 ou pouce sur le si bémol. Vous voyez?
Ma première impression sur cette mesure est qu'il manque un signe de triolet sur le deuxième temps. Exceptionnellement, je vais changer le doigté proposé par Herr Palm, et avec un peu de chance, personne ne se rendra compte de rien! Si vous constatez que je m'égare, n'hésitez pas à me remettre sur le bon chemin!
Voilà une petite mise en bouche. 
A suivre…
Olivier

Freitag, 2. September 2011

...Some Leves... sur France Musique

Pour les plus curieux, voici la date de diffusion du concert des Rencontres Musicales de Haute Provence avec au programme ... Some Leaves... de Michael Jarrell.
Le concert sera diffusé sur France Musique pendant l'émission Lettres intimes, présentée par Stéphane Goldet, le dimanche 11 septembre, à 18h10.
Pour les plus téméraires, n'hésitez pas à me partager vos impressions, pour les autres, merci pour votre temps et votre attention!
Olivier

Samstag, 20. August 2011

...Some Leaves...., la suite

Bien des jours ont passé depuis mon dernier post, il est temps de commenter la dernière phase de travail sur la pièce de Michael Jarrell ... Some Leaves....
Après avoir passé deux semaines à la maison à travailler, j'ai finalement pris le train pour la Provence, et Forcalquier.
Une fois arrivé, la première question de Michael, as tu la dernière version de la pièce?....
N'étant pas sûr de moi, je lui répond que j'ai travaillé sur l'exemplaire que les Éditions Lemoine m'avaient envoyé, il y a quelques mois de cela.
Il baisse les épaules..... Il ne paraît pas surpris, moi, je commence à avoir peur.... Quelles sont les nouveautés que Michael à apporter à sa pièce? A-t-il rajouté des notes? Enlever des notes :)?
Comme je m'y attendais, je vois Michael disparaître. 10 minutes plus tard, il revient avec un paquet de feuilles volantes.
"Tiens, voilà la version complète de la pièce." Résultat, une page supplémentaire au début, ainsi que quelques corrections par-ci par-là..... Le concert est dans deux jours....


J'avais prévu d'aller écouter le concert du soir, avec entre autre au programme le trio Dumky jouant Tchaikovsky. Ce sera pour une autre fois. Au lieu de cela, je pars travailler ces notes toutes fraîches!


Les deux jours qui ont suivi ont été aussi éprouvant que fascinant. J'ai eu le plaisir de travailler de longs moments avec Michael, ce qui m'a permis de mieux apprécier l'univers particulier de ....Some Leaves....
L'écriture de Michael est extrêmement virtuose, mais surtout pas démonstrative. C'est ce qui rend le travail si difficile, justement. Comment atteindre une précision technique aussi élevée, sans perdre de vue la dramatique.
Le concert a nécessité une grande concentration, amplifiée par la présence des micros de France Musique...
Comme à la fin du deuxième mouvement du quintette à deux violoncelles de Schubert, ou bien du 8ème Quatuor de Schostakowitsch, le silence créé par le public est magique. Chaque bruit, frottement, son est capté avec une grande attention par ce public incroyablement exigeant des Rencontres musicales de Haute Provence. Malgré une certaine tension liée à la nouveauté de la pièce, l'exécution est chaleureusement accueillie par le public! Quel soulagement!
Pendant la pause, autour d'un verre de Bau de Provence, excellent du reste!, de nombreuses personnes viennent nous voir, Michael et moi, et partagent leur expérience. Ils parlent tous de voyage, de couleurs, de textures. Michael est ravi, alors moi aussi!

Si mes informations sont correctes, le concert sera retransmis par France Musique le 11 septembre à 18h00.

Montag, 18. Juli 2011

Work in progress: ...some leaves... de Michael Jarrell

Jour 7:
c'est presque avec soulagement que je me suis consacré à l'avant dernière page de ...some leaves.....
Soulagé de pouvoir enfin passer du temps à apprendre toutes ces notes!


Cette fin s'annonce comme un véritable feu d'artifice! Comme souvent dans sa musique, Michael Jarrell réserve à cette pièce dans la dernière page une conclusion moins objective, et plus interrogative, en reprenant quelques éléments thématiques, et en les laissant s'éloigner, diffusément.
Ma première vraie impression viendra quand j'enchaînerai la pièce du début à la fin.... j'espère d'ici trois ou quatre jours...

Et pourquoi pas un blog?!

Bonjour à toutes et à tous!
C'est avec autant de plaisir que d'appréhension que je commence cette nouvelle aventure multimédia!
L'idée m'est venue en travaillant une pièce de Michael Jarrell pour violoncelle seul, ...some leaves... que je dois jouer dans maintenant 11 jours. L'histoire est assez simple, il y a une semaine, je reçois un coup de fil de Maestro Jean-Guihen, me demandant si j'étais libre à la fin du mois de juillet pour participer aux Rencontres Musicales de Haute Provence à Forcalquier.
Ayant eu la joie de participer à ces rencontres auparavant, j'ai tout de suite ouvert mon calendrier, espérant être libre à ce moment là!
Bingo! Je vais fouiller dans mon carton à partitions, espérant y trouver la partition de ...some leaves...., et là, la joie cède sa place à l'anxiété! 10 pages remplies de notes aussi inconnues les unes que les autres.
Comment faire pour arriver sur scène en ayant appris toutes ces notes en si peu de temps? Pour pimenter un peu les choses, France Musique va enregistrer le concert....
Voilà, le décor est planté. Le pupitre est de nouveau surchargé de partitions, l'accordeur et le métronome sont là pour me rappeler à l'ordre, le travail commence...

Jour 1:
Faire des copies de la partition pour pouvoir y écrire toutes sortes de doigtés, coups d'archets, rythmes, dont je n'aurais plus l'utilité plus tard.
Ensuite, je commence la première lecture. Le résultat est fidèle à mes attentes, le chemin sera long!
Cette première lecture, c'est un peu comme un devis. On regarde comment la pièce est construite, ce qui est jouable, ce qui l'est moins, ce qui pourrait le devenir, ce qui ne le sera certainement jamais!
L'optimisme est mesuré, mais un sentiment émerge. J'ai la conviction qu'il s'agit là d'une excellente pièce, horriblement difficile, mais d'une grande qualité, alors je commence à planifier le travail.
J'ai deux semaines de travail à la maison, entrecoupée par quelques répétitions, mais je peux compter sur ces deux semaines là. Ensuite, je saute dans le train, direction la Provence, et les quelques jours sur place avant le concert sont consacrés au travail avec le compositeur, ainsi qu'à des répétitions d'un quintette à cordes de Dvorak.

Jour 2:
Le travail commence. Ayant relativement peu de temps, il est important de tout de suite clarifier les problèmes rythmiques, et organiser les déplacements de la main gauche. Personnellement, c'est ce qui me prend le plus de temps. La première page propose son lot de difficultés. Sur quelles cordes jouer tels accords? Heureusement, Michael est un compositeur qui connaît parfaitement le violoncelle, alors ces problèmes trouvent vite une solution.
Après quatre heures de travail, j'ai décrypter les quatre premières pages. Sentiment très mitigé.

Jour 3:
Je recommence la pièce du début. Stupeur, j'ai presque tout oublié! Alors je retravaille chaque passage comme la veille, en espérant une meilleure maturation...
De nouveau, j'arrête le travail après quatre pages.

Jour 4:
Ayant eu une mauvaise surprise la veille, j'appréhende un peu de me retrouver dans mon pupitre. Heureusement, le début de la pièce commence à apparaître, comme au révélateur dans la photographie argentique. Après une petite heure de travail, je me surprend même à penser: "c'est pas si dur que ça finalement"!
Rassuré de ma progression, je continue vers les cinquième et sixième pages.
Et là, encore une fois, je suis fasciné par la créativité du compositeur. Le passage qui vient est rempli d'harmoniques jouées en pizzicato, sans l'archet.
Une portée pour la main droite, une pour la main gauche, on dirait une partition de piano!


D'abord très laborieux, je travaille ces harmoniques sans avoir de véritable idée sur le caractère et l'ambiance du passage. Pour l'instant, je décrypte...

Jour 5:
Je relis le début, et me consacre rapidement à mes fameux pizzicati. Lentement, j'ai le sentiment que ce passage peut sonner fantastiquement, en particulier dans le magnifique Prieuré de Salagon où aura lieu le concert.... Après des heures à essayer de faire sonner des pizz harmoniques récalcitrant, une première couleur apparaît, qui me rappelle ces formidables mécanismes d'horlogerie, tellement filigranes que l'on a peur de les casser en les regardant. Comme souvent dans des passages représentant un véritable défi technique, c'est lorsqu'une intention musicale apparaît que l'on trouve la solution instrumentale.

Jour 6:
La majeur partie du travail consiste à améliorer la qualité sonore des pizzicati, et trouver une pulsation où chaque geste paraît organique. Rien que cela! Je suis fasciné par l'amplitude des couleurs et des émotions rassemblées dans cette pièce! L'avant dernière page paraît horriblement virtuose, mais mes pizz me prennent un temps fou. Il faut avancer... Demain.